25 sept. 2007

Rencontre




Lors d’une entrevue la semaine dernière au Palais Bourbon, les deux hommes ont convenu de se rencontrer demain à huis clos à l’Assemblée afin de discuter du meilleur moyen pour les forces d’opposition de peser sur le cours des événements. «Nous ne sommes ni dans la connivence, ni dans la manœuvre en vue d’hypothétiques alliances, précise François Bayrou, à l’initiative du rendez-vous. Ce n’est pas l’objet. Nous sommes les uns et les autres hors du pouvoir, et donc beaucoup plus sensibles au déséquilibre intolérable de nos institutions.» Opposants et pas nés de la dernière pluie. «S’il veut réformer la Constitution, Sarkozy a besoin d’un consensus politique et numérique», confie Bayrou à Libération.
Maigres troupes. Calculette en main, le PS relativise l’analyse : la gauche parlementaire ne dispose pas du nombre de sièges suffisant pour bloquer les ambitions élyséennes. A eux tous, le PS, les Verts, le PCF, les radicaux et le MRC ne détiennent que 358 des 908 sièges au Congrès (Assemblée nationale et Sénat). En d’autres termes, il s’en faut de cinq voix pour que la gauche puisse aligner les deux cinquièmes des suffrages qui font veto. Du coup, malgré de maigres troupes, le Modem peut rêver de jouer les arbitres entre la gauche et la majorité présidentielle. «Sauf débauchages individuels qui seraient mal perçus s’agissant d’une réforme constitutionnelle, Nicolas Sarkozy a besoin des voix des uns ou des autres, admet le député des Pyrénées-Atlantiques. Pour ma part je ne trouve pas intéressant d’aller négocier par en dessous. Mieux vaut discuter ouvertement et poser des problèmes de fond.»
Demain, Hollande et Bayrou vont donc confronter leur point de vue sur deux grands thèmes : le pluralisme et la séparation des pouvoirs.
Excès. Le premier sujet est le plus consensuel : au nom de la représentativité de la Nation, le PS comme le Modem, sont favorables à la révision du mode d’élection des sénateurs et à l’introduction d’une dose de proportionnelle aux législatives pour corriger les excès du scrutin majoritaire.
Une suggestion qui se heurte à la farouche opposition de plusieurs ténors de l’UMP, dont le président de l’Assemblée, Bernard Accoyer. Entre PS et Modem, la nécessité de renforcer l’indépendance de la justice et le pouvoir du Parlement (via la maîtrise de son ordre du jour) ne font pas non plus débat.
Ce n’est en revanche pas le cas d’une modification constitutionnelle à laquelle tient Sarkozy : la possibilité pour le chef de l’Etat de venir s’adresser directement aux députés dans l’hémicycle. Hollande, qui est reçu aujourd’hui par la commission Balladur, est violemment contre. Pas Bayrou : «Je n’en fais pas une question de principe», admet-il.
Par Nathalie Raulin

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