7 nov. 2007

Douces chimeres...

Il fut un temps où Puteaux était une cité commerçante et prospère. Qui, parmi les anciens, ne se souvient des trottoirs encombrés et joyeux du Boulevard Richard Wallace ? Du marché de Puteaux si pittoresque qu’il faisait venir toutes les villes à la ronde ? De l’animation et de la gaîté des rues du centre ville ? Une ère manifestement révolue : Puteaux s’est doucement endormie sous le balancement de ses feuilles de palmiers…

La faute à la Défense ? Peut être, car le déploiement d’une métropole commerciale moderne à grande échelle, attractive, pourvoyeuse en parkings et animations festives était de nature à malmener les centres villes traditionnels, peu préparés à ces compétitions féroces. Et pourtant… Une volonté politique aurait suffi ! Nanterre et Courbevoie ont été tout aussi malmenées que nous par la « révolution » de la Défense. Loin de l’auteur l’envie de vanter la gestion communiste de Nanterre ou les péripéties sans fin de celle de Courbevoie… Avec leurs talents et malgré leurs défauts, elles ont su préserver (au moins dans le centre ville pour Nanterre) leur dynamisme commercial, leur visage composite et leur vie de quartiers. En un mot, elles n’ont pas vendu leur âme à la Défense… Avec un beau pragmatisme, quand l’élévation de la Défense avançait à coup de destruction des zones voisines, elles ont laissé place à l’imagination, trouvant de la richesse dans la diversité, utilisant le ressort du tissu local, gardant tant bien que mal un pied dans la consultation. Elles ont réussi à maintenir un équilibre raisonné entre passé et avenir, concertation et politique urbaine pendant que Puteaux s’enfermait dans la planification centralisée du bonheur selon les Ceccaldi…

Toujours plus beau, toujours plus grand, toujours plus neuf ! La période était propice : en l’espace de vingt ans, la population de Puteaux s’est profondément renouvelée. Aux constructions nouvelles, on a accroché des réverbères dignes des plus belles collections. On a jonché les trottoirs de granit et marbres divers, engrillagés les jardins, posé des fontaines aux nouveaux carrefours, supprimé les parkings, gagné la bataille des palmiers sur les trottoirs ... On a travaillé l’emballage : c’est fait, on n’en dira rien de plus. Mais pendant qu’on se faisait un Puteaux à coup de rêves à la Orwell, que sont nos commerces devenus ? Et notre centre ville ? Où faisons-nous nos courses ? Où avons-nous plaisir à faire nos courses ?

Quand on rend la parole à nos commerçants, l’humeur n’est pas à l’ovation : désenchantement et résignation, impuissance et lassitude donnent le ton... D’un haussement d’épaules, ils renvoient les questionneurs à leur naïveté. L’association des commerçants ? Une évocation lointaine, l’histoire d’une longue dépendance à la ville qui s’est retournée contre eux… Les promesses de parking ? On n’a rien vu venir. Une politique concertée ? Oui, entre le maire et le maire. Des perspectives pour le commerce ? Vous plaisantez ? Seules les agences bancaires fleurissent ici. Parlons plutôt des fermetures… Un motif d’espérance ? Silence sidéral...

Et dans les quartiers ? Compte-tenu du morcellement de Puteaux, on avait là une belle occasion de renforcer la vie des quartiers en encourageant les commerces de proximité ? Une poignée d’irréductibles Putéoliens s’est d’ailleurs longtemps battue pour cela … La ville a répondu : « je vous ai compris ! ». Au final : des représentants de quartiers « élus » par le maire à grand renfort de publicité, un immobilisme obstiné, une inertie organisée… A qui profite le « crime » ?

La vérité, puisqu’il en faut en ces temps pré-électoraux, c’est qu’une ville n’est pas un sapin de Noël où un maire, plutôt joli, vient accrocher ses guirlandes et imposer les caprices d’un avenir aussi rose que sa robe. Une ville vit, bat, respire, palpite dans des lieux, des centres, des artères. Les commerces en sont le coeur et le poumon : pour les personnes âgées et celles qui le deviendront, les familles, les célibataires, les handicapés, les communautés diverses de Puteaux… Rien n’exprime mieux le visage, l’identité et l’âme d’une ville. Rien ne rompt davantage l’isolement. Rien ne rend plus simplement la joie de vivre qu’une rue animée et prospère. Qui n’a déjà été réchauffé, à un moment d’abattement, par le sourire d’un commerçant ?

Pour cela, pas de secret et quelques ingrédients : écouter, réunir, échanger, dialoguer, négocier, le tout dans un ensemble qui s’appelle une politique d’urbanisation commerciale, dont le seul attendu n’est pas le bon plaisir de l’élu, mais le bienfait des commerçants et la qualité de vie de toute une ville. C’est un projet vital qui ne peut reposer que sur la concertation, un travail d’équipe - élus, citoyens, commerçants – dans lequel il n’est pas interdit de d’apporter une vision, un projet et une intelligence ! Nul ne peut se prévaloir de penser à notre place…!

Rêveries d’un jour d’automne ? Chimères ?
Et si demain, c’était possible ?

10 commentaires:

Anonyme a dit…

Wahou, alors là pour un post !
Vraisemblablement nous n'abitons pas la meme ville. Pour y etre né il y a 40 ans je n'en reviens pas ! Comparez les centres villes de Puteaux, Courbevoie et Nanterre ! Pour ma part aucun commercant d'une de ces trois citée ne ma jamais arraché une larme. Et pour ce qui concerne l'avenir il est vrai que compte tenu de vos absences lors des conseils municipaux vous ne pouvez etre tenu au courant. Annonce de l'ouverture d'une grande surface dans le quartier bergère par exemple. Et pour finir, le commerce de proximité, Puteaux ne se limite pas au bld Wallace et à la rue Jean Jaures, pour eclairer vos lampions, allez donc faire un petit tour dans les rues Cartault et Berthelot par exemple. nan mé alors !!!

RB a dit…

Vous avez raison tout va bien dans le meilleur des mondes vous devriez travailler pour la com de la ville ...
Il est vrai que d'aller au conseil municipal change tout, la preuve même les élus n'y vont plus…
Ouvrez vos yeux et regardez...Les commerçants voient tout les jours partir les Putéoliens vers ces grandes surfaces que vous semblez admirer .Ouvrez vos yeux ceux d’un enfant magasin de jouet ou ?ceux d’un jeune adulte sortie le soir ou ?

AdelineV a dit…

merci pour cet article!
ce qui me désole le plus à Puteaux, c'est qu'il n'y a strictement rien à faire le soir pour les 25-35 ans. Le Dôme est le seul espoir de trouver un peu de monde pour boire un verre ou se faire un cinéma...Quel dommage qu'il n'y ait aucun vrai lieu de rencontre et d'échange pour les jeunes au centre de Puteaux...

Anonyme a dit…

zeb,
n'êtes-vous donc pas frappés par la pauvreté de l'offre des commerces? je n'ai jamais habité à Courbevoie ou Nanterre, mais êtes-vous déjà allés à Levallois par exemple? la vie commerçante est riche. il est agréable de flaner dans les rues. ici, on y va juste par utilité.
merci au modem pour cet article intéressant

Anonyme a dit…

@ Anne, nul doute que les commercants de Puteaux apprecierons votres commentaires. Merci au modérateur d'avoir censuré ma réponse à RB.

Anonyme a dit…

Zeb, comme je vous l'ai dit par plugoo, personne n'a supprimé votre commentaire, nous n'avons pas reçu votre proposition de commentaire.
Je vous ai invité à le reposter, nous n'avons à nouveau reçu aucun mail nous invitant à supprimer ou valider votre commentaire, je présume que vous n'avez donc pas reposté ce commentaire.
Le modérateur

Anonyme a dit…

bonjour au passage à Adeline qui m'a encouragé (chez C.Grébert) à venir poster sur ce blog... à vos risques et périls !!

Qui suis-je ?: un sarkozyste pur et dur (quand même content sur le plan national, depuis que j'attendais ça !) mais un irréductible anti-ceccaldite pour des raisons graves et profondes

Aussi ces histoires de commerçants sont-elles charmantes mais plutôt en dehors du débat de fond qui concerne notre ville.

Le débat de fond c'est celui de la démocratie inexistante, du clientèlisme poussé à l'extrême (à Puteaux même les socialistes votent Ceccaldi pour être sûrs d'avoir le ventre plein), et désormais l'incompétence démontrée du maire en place

Ajoutez-y comme si ça ne suffisait pas une guerre intra-utérine, et on décroche le pompon à Puteaux de la ville la + ridicule de France

Voilà des sujets pour le MODEM, c'est ici que se situent les pbs graves de la ville, il ne s'agit nullement d'une affaire d'urbanisme, c'est d'une autre ampleur...

Anonyme a dit…

Bonjour Phil,

Je profite de votre visite sur le blog du Modem pour vous donner de nos nouvelles (Stéphane Audru et Alexandre Harmand). En effet j'ai lu sur d'autres blogs que vous vous inquiètez de notre absence. Mais peut-être que jusqu'à présent vous n'alliez pas chercher l'information au bon endroit !
Je vous invite à parcourir notre blog dans son ensemble et vous verrez que vous pourrez me lire.
L'existance même de ce blog est la preuve que nous ne sommes pas absents...
Et puis, il y a un projet à créer pour les futures élections, nous y travaillons avec force et vigueur.

Concernant votre commentaire que je comprends, je ne crois pas que seul un projet basé sur la démocratie pour Puteaux ne remportera l'adhésion d'une majorité de putéoliens. Il faut également faire d'autres propositions et l'urbanisme en fait partie.

Cordialement.


Stéphane AUDRU




PS : Concernant Alexandre Harmand, celui-ci habite Neuilly sur Seine et travaille pour faire de nouvelles propositions aux Neuilléens lors des prochaines élections.

Anonyme a dit…

Merci Stephane de votre réponse

Je suis en effet scandalisé mais surtout écoeuré par ls système putéolien actuel. L'urbanisation je m'en fiche totalement, on a vu pire, dans le fond Puteaux est plutôt joli, et même souvent archi coquet.

Par contre ce qui fâche et que vous n'abordez pas, c'est le climat malsain et de peur que la mairie fait rêgner sur ses sujets : de ce phénomène, seul "le putéolien qui a décidé de l'ouvrir" (C. Grébert) en parle, avec par voie de conséquences des procès en rafales...

ça c'est le vértitable pb, c'est la déliquescence d'un système qui revulse même les gens de droite (comme moi-même et d'autres que vous pourrez lire sur le site de CG : ils sont nombreux...)

Mais êtes-vous prêts à vous coltiner des procès ??

Anonyme a dit…

Les commerçants dans le 92 ont bien vécu par le passé, mais malheureusement pour eux ils n'ont pas réussi à s'adapter au changement, hormis quelques rues commerçantes, pour plusieurs raisons :
- Le cas Monoprix
Un service qui laisse parfois à désirer
- L'impossibilité de se garer quand les grandes surfaces proposent un parking gratuit ( on se demande si les mairies sont vraiment dans le camp du petit commerce)
- Une CCI qui a 20 ans de retard(Carte Kikoo, la blague à 4 millions d'euros, ....)
- Pas de volonté politique hormis à Boulogne et Courbevoie de créer de nouveaux espaces commerciaux.

Ainsi va la vie du 92, un département qui dort depuis 20 ans et qui va se réveiller un jour...
NM